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Celuy qui n’ayme est malheureux Et malheureux est l’amoureux ; Mais la misere la plus grande C’est quand l’amant (après avoir En bien servant fait son devoir) Ne peut avoir ce qu’il demande.

La race en amours ne sert rien, Ne beauté, grâce ne maintien; Sans honneur la Muse gist morte ; Les amoureuses du jourd’huy En se vendant aiment celuy Qui le plus d’argent leur apporte.

Puisse mourir meschantement Qui l’or ayma premièrement ! Par luy le frère n’est pas frère, Par luy le père n’est pas seur, Par luy la sœur n’est; pas la sœur, Et la mère n’est pas la mère.

Par luy la guerre & le discord, Par luy les glaives & la mort, Par luy viennent mille tristesses, Et, qui pis est:, nous recevons La mort par luy, nous qui vivons Amoureux d’avares maistresses.

(Ronsard, Odes, II, 290, Bib!. elz.)