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Œilladant le doux, on espère,
Et craignant l’autre, on désespère.
Puis respand dessus le vermeil
De son teint un poil tout pareil
A cil qu’on voit, quand sur la branche
Au matin la cognasse franche
Jaunoye en son coton nouveau
Par dessus sa jaunastre peau,
Meslant une honteuse grâce
Tant que pourras dessus sa face.
Mais, mon Dieu, je ne sçay comment
Tu pourras peindre proprement
L’honneur de sa bouche riante :
Fay-la doucement attrayante,
Brief si bien la contrefaisant
Qu’elle devise en se taisant.
Fay-luy grand front : hé, ma mémoire
Outrepassoit le bel yvoire
De son col semblable à celuy
Du bel Adonis : puis fay-luy
L’estomac mesme & la jointure
Des deux mains du facond Mercure,
Le ventre rond & potelé
Comme celuy du cuisse-né.
Du beau Pollux fay-luy la cuisse,
Fay-luy son aine qui rougisse,
Son aine tendrette, ou soit veu
Entre les deux un petit feu :
Puis fay-luy son, qui ne face ores
Que bien peu commencer encores
A se chatouiller du desir
De Venus & de son plaisir.