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maître des dieux, le dompteur des hommes ». Quoique ce dieu, « comme un bûcheron l’eût frappé une fois de sa grande hache, » Anacréon ne mourut pas,comme Sapho, de sa blessure : il guérit vite, car il était chose légère et volait sans doute à tous objets,comme plus tard notre La Fontaine. Il ne trouva point que la femme fût plus amère que la mort; c’est pourquoi sa poésie fut presque toujours aimable et souriante. Une raillerie, un trait piquant le consolaient de la trahison d’une maîtresse, ainsi qu’on peut le voir par cette épigramme dirigée contre un certain Artémon, son rival heureux auprès d’Eurypyle : « La blonde Eurypyle n’est pas indifférente à l’illustre Artémon. Jadis il avait la tête sanglée dans un capuchon grossier, avec des boucles d’oreilles en bois et, sur les épaules une simple peau de bœuf. Sale enveloppe d’un bouclier de rebut : c’était le misérable Artémon, compagnon des marchandes de pain, ami des prostituées, vivant d’expédients. Maintes fois lié au poteau, maintes fois mis sur la roue, le dos rayé de coups de fouet, sans cheveux ni barbe; Aujourd’hui, le fils de Kyké monte sur un char, met à ses oreilles des anneaux d’or, et porte une ombrelle d’ivoire, comme une femme. »

  Plus d’une fois l’abeille se souvint qu’elle avait un 

aiguillon, mais elle préféra voltiger innocemment de fleur en fleur, et amasser ce miel doux et fluide