capable de justifier les plus hautes vérités, et pardessus tout la vérité de la Religion Chrétienne.
Cette apologie de la Religion, on sait que Pascal ne put que la préparer et l’ébaucher, que nous n’en avons que des morceaux plus ou moins achevés, — des morceaux qui souvent même ne sont que des notes préparatoires, — et ainsi que, au lieu de l’ouvrage, nous avons des Pensées. La restitution détaillée de ce qu’eût été l’ouvrage est une entreprise souvent tentée, vaine en somme, puisqu’il n’est pas sûr que Pascal ait conçu autre chose qu’un plan très général et qu’il y fût, même au cours de l’exécution, resté fidèle. En retour il est possible et légitime de suivre avec le dessein de Pascal le genre de méthode qu’il emploie, les expériences qu’il invoque, les idées maîtresses auxquelles il se rapporte.
Il faut d’abord prendre garde aux caractères que doit avoir dans les intentions de Pascal cette Apologie. « Il voulait, nous dit Filleau de la Chaise (Discours sur les Pensées, Éd. Brunschvicg, t. 1, p. CCII), rappeler les hommes à leur cœur et leur faire commencer par se bien connaître eux-mêmes. » En s’appuyant tout d’abord sur la connaissance de la nature humaine, il rompait avec la tradition la plus constante de l’Apologétique, plus portée communément à présenter sous la forme d’un ordre déductif abstrait les motifs de crédibilité. Ce n’est pas en imposant presque d’emblée Dieu à l’homme, c’est en faisant réclamer Dieu par l’homme même, par l’homme devenu conscient de sa condition, que l’on peut tracer la voie vers la Religion. — La démonstration qui constituera l’Apologie, avec la complexité de ses démarches, aura donc pour point de départ la considération de l’homme : mais elle devra avoir en plus ce caractère d’agir sur la volonté en même temps que sur l’esprit ; elle devra être une conversion en même temps qu’une démonstration.
De fait, pour être accessible aux preuves de la Religion, encore faut-il que les incrédules ne restent pas