avec insistance, un formalisme logique qui tend à abonder dans son propre sens jusqu’à en tirer les conséquences les plus extrêmes.
Quoi qu’il en soit du jugement qu’il y a lieu de porter sur la doctrine de Condillac, elle a exercé une grande influence ; elle a dominé à un certain moment la pensée philosophique française et elle a donné naissance à l’idéologie qui relie le dix-huitième siècle au dix-neuvième.
C’est Destutt de Tracy qui a été le premier continuateur de Condillac. C’est lui qui a proposé d’employer le mot d’idéologie pour désigner la philosophie nouvelle qui, laissant de côté toute spéculation métaphysique au sens traditionnel, s’impose pour tâche unique d’étudier et d’expliquer la formation des idées. Les idéologues, qu’on les considère ou non comme des métaphysiciens d’un nouveau genre, se placeront à un point de vue qui est de sa nature et tout d’abord purement psychologique. Le terme le plus convenable que l’on pourrait employer pour les désigner est celui d’analystes de l’esprit. Destutt de Tracy est le vrai fondateur de cette école. Il expose dans ses Éléments d’idéologie la méthode dont elle s’inspirera. Et il réussit à faire pénétrer ses conceptions dans le milieu de l’Institut qui deviendra le centre de diffusion de la doctrine. C’est surtout le problème de l’extériorisation de nos états de conscience qui retient son attention. À cet égard il estime que les explications de Condillac ne deviennent satisfaisantes qu’à partir du moment où il donne à sa statue la faculté de se mouvoir. Sans cette faculté, le toucher ne suffirait jamais à lui seul à nous livrer la connaissance du monde extérieur. La mobilité prend donc chez lui une importance tout à fait caractéristique de la position personnelle qu’il a adoptée. En même temps il insiste sur la perception d’effort qui est causée en nous par la résistance que rencontrent nos mouvements. Si d’ailleurs on voulait définir d’un mot la tendance propre de Destutt de