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au moyen du principe de causalité, rendre compte de l’intelligence par la chose. Mais le principe de causalité ne porte que sur une série réelle, non sur une série double ; il explique comment une force passe d’un terme à l’autre de la série réelle ; mais il ne saurait expliquer le passage de l’être à la représentation, l’être tel qu’il l’a posé pouvant tout au plus expliquer l’être, non ce qui s’oppose à lui, à savoir l’intelligence. Pour combler la lacune qui subsiste entre les choses et les représentations, il use de formules vides que l’on peut apprendre par cœur et répéter, mais qui ne contiennent aucune idée précise. Le dogmatisme peut redire sans se lasser son propre principe ; mais il ne peut trouver la transition régulière et légitime à ce qu’il doit expliquer. Il ne reste donc comme unique philosophie possible que l’idéalisme (I, pp. 435-488).

Or le propre de l’idéalisme, c’est d’expliquer les déterminations de la conscience par l’action de l’intelligence. L’intelligence est pour lui uniquement active, non passive ; elle n’est point passive parce que, conformément à son postulat, elle est-ce qu’il y a de premier, — et ce qu’il y a de suprême, ce à quoi rien n’est antérieur, — qui puisse en expliquer la passivité. Par la même raison, à l’intelligence il n’appartient pas originairement d’être, de subsister, parce que cela est le résultat d’une action réciproque, et qu’à l’origine rien n’est supposé avec quoi l’intelligence pourrait être en réciprocité d’action. L’intelligence est un agir, ein Thun, et rien de plus ; il ne faut même pas l’appeler un sujet actif, ein Thätiges, parce que cette expression ferait penser à quelque chose de subsistant, dont l’activité serait une propriété. Telle est donc la présupposition de l’i-