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cord donc avec Reinhold pour chercher dans la conscience le premier principe, Maïmon reproche toutefois à Reinhold d’avoir identifié la conscience avec la représentation : la représentation, telle que Reinhold l’entend, et dans laquelle se distinguent le sujet, l’objet et leur rapport, est une détermination et une dérivation spéciale de la conscience ; elle suppose la synthèse du divers de l’intuition en une unité, c’est-à-dire l’accomplissement d’opérations dont la conscience en général est le principe. C’est donc la conscience en général qui est la forme la plus universelle de la faculté de connaître, et c’est à partir d’elle que Maïmon reconstruit la théorie kantienne de la sensibilité, de l’entendement et de la raison. (V. Versuch über die Transcendentale Philosophie, 1790, pp. 63 sq., 349. — Streifereien im Gebiete der Philosophie, 1793, pp. 198 sq., 238. — Die Kategorien des Aristoteles, 1794, pp. 142 sq.)

Sigismond Beck qui, lui, comme nous l’avons dit, prétend, non réformer, mais interpréter exactement le Kantisme, s’applique à le débarrasser d’un problème qui n’est pas le sien et que lui imposaient, par une méprise singulière, des kantiens encore dominés par l’esprit dogmatique. Ce problème, dont ils auraient dû plutôt découvrir l’absurdité, est celui-ci : Comment nos représentations se rapportent-elles à des choses en soi ? Même Reinhold, qui a fort heureusement montré que la matière de la représentation est quelque chose d’autre que son objet, s’est perdu dans la thèse inintelligible, selon laquelle la matière de la représentation répond à l’objet. C’est là un retour au plus complet dogmatisme. Hume cependant avait bien vu que la question était dépourvue de sens, — et Berkeley aussi, quand ce dernier