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présentation sont inséparablement liées. Le premier principe s’énoncera donc ainsi : La représentation est dans la conscience distincte du représentant et du représenté, en même temps qu’elle se rapporte aux deux. — Voilà une proposition qui a une valeur universelle, et qu’aucun parmi les plus raffinés sceptiques, anciens ou modernes, ne trouverait le moyen de mettre en doute. Pour cela il faudrait nier, ou mieux, avoir perdu la conscience même. On ne peut, en effet, avoir conscience de soi-même que par la représentation qui d’une part se distingue du sujet, aussi incontestable que la représentation même, et d’un autre côté on n’a conscience de sa représentation qu’au moyen de ce qui est représenté par elle, et qui ne peut pas être plus nié qu’elle. Même les philosophes égoïstes, c’est-à-dire qui se refusent à admettre l’existence d’objets hors de leur moi, sont forcés de distinguer de leurs représentations, non seulement le moi représentatif, mais encore quelque chose qui est représenté par elles, — même si ce quelque chose n’était tenu que pour une simple représentation. Au reste, quand il est ici question de l’objet représenté, on ne soutient point par là qu’il y ait des objets hors de l’âme, et l’on n’explique point comment il peut y en avoir ; on se borne à constater une distinction qui a lieu à l’intérieur de la conscience même. En tout cas, le premier principe ne suppose pas de définitions antérieures à lui ; c’est de lui, au contraire, que dérivent toutes les définitions essentielles. C’est ainsi que le sujet ne peut être défini que comme l’élément distinct de la représentation ainsi que de l’objet auquel la représentation est rapportée ; c’est ainsi que l’objet ne peut être défini que comme ce à quoi la représentation se