Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/71

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fire. Toujours est-il que dans les deux cas l’on n’aurait qu’un savoir fragmentaire, sans certitude ou sans cohésion, non un savoir réel, lequel n’est possible que sous la forme d’un système (I, pp. 52-54).

Cependant sur l’universalité et les limites de la Wissenschaftslehre, sur son rapport à la Logique, sur son objet propre, diverses questions se posent. La Doctrine de la science doit être une science de toutes les sciences. Comment peut-elle être sûre d’avoir complètement épuisé tout le domaine de la science humaine ? À vrai dire, si elle procédait par une sorte d’induction ayant pour base la science humaine réalisée jusqu’à ce jour, elle ne saurait garantir qu’il ne se produira pas quelque découverte qui ne cadre pas avec son système. Si même elle prétendait n’épuiser de la sorte que la science possible dans la sphère actuelle de l’existence humaine, elle ne serait pas plus heureuse dans cette tentative ; car si la philosophie ne vaut que dans ce domaine, elle ne connaît pas d’autre domaine possible, puisqu’elle s’enferme dans des limites qui lui sont fixées arbitrairement et du dehors. Au fond, c’est dans la Doctrine même de la science que sont enfermées les conditions qui permettent de reconnaître si le principe est épuisé ou non. S’il n’intervient dans tout le système aucune proposition qui soit vraie, le principe étant faux, ou qui soit fausse, le principe étant vrai, c’est là la preuve négative qu’aucune proposition ne s’est introduite en trop. Mais où sera la preuve positive qu’aucune proposition ne manque parmi celles que le principe requiert ? Elle sera en ceci, que le principe originairement posé apparaît finalement comme résultat, et que le cercle ainsi tracé par le