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possible que par la liaison de propositions qui se communiquent leur certitude. Mais pour cela il faut évidemment que dans toute science il y ait une proposition dont parte la certitude ainsi communiquée. Une proposition scientifique qui n’est pas certaine par soi reçoit sa certitude d’une autre proposition, laquelle peut-être reçoit la sienne d’une autre ; mais cette série ne peut aller à l’infini : car alors il n’y aurait point de certitude, partant point de science. Il faut donc une proposition dont toutes les autres reçoivent leur certitude, et il faut que cette proposition soit unique. Avec plusieurs propositions de ce genre, l’on n’aurait pas affaire à un Tout. De plus, cette proposition, dont découle la certitude des autres, ne doit pas tenir des autres la sienne : car alors tout serait incertain ; elle doit être certaine avant l’enchaînement des autres propositions et indépendamment de cet enchaînement ; elle est à ce titre une proposition fondamentale (Grundsatz), un principe (I, pp. 38-43).

Mais là-dessus deux questions se posent 1o Comment est possible la certitude du principe en lui-même ; 2o comment est possible la faculté de déduire de la certitude de ce principe, par un procédé défini, la certitude d’autres propositions ?

Ce que le principe doit posséder lui-même et ce qu’il doit communiquer aux autres propositions qui entrent dans la science s’appelle le contenu interne (der innere Gehalt) du principe et de la science en général ; la façon dont le principe doit communiquer ce contenu aux autres propositions s’appelle la forme de la science. — La question à résoudre est donc celle-ci : Comment s’explique la possibilité du contenu et de la forme d’une science en général ? — ou encore : Comment la