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seuls rendre compte de la possibilité de l’expérience, comprise comme un ensemble de phénomènes soumis à des lois ; mais que vaut cette affirmation pour celui qui nie l’expérience au sens kantien ? (Ibid., pp. 278-279.) Au contraire, la philosophie des éléments, telle que Reinhold la constitue, ne présuppose rien qui puisse être nié, et par delà les distinctions kantiennes qui ne sont que des défauts de réduction, elle cherche le principe qui établit l’unité, non seulement entre les divers modes de la connaissance théorique, mais encore entre la connaissance théorique et la connaissance pratique (p. 277).

Une philosophie n’est rigoureusement démontrée que si elle est systématique, et la transformation de la Critique en système est, selon Reinhold, ce qu’il faut poursuivre. Reinhold expose particulièrement cette exigence dans un écrit du même recueil, Ueber das Bedürfniss, die Möglichkeit, und die Eigenschaften eines allgemeingeltenden ersten Grundsatzes der Philosophie (t. I, pp. 91-164). À la philosophie, dit-il, il faut un premier principe d’une valeur universelle, un principe sur lequel tout le monde soit d’accord. Un principe est une proposition par laquelle plusieurs autres propositions sont déterminées. Le principe ne détermine que la forme, non la matière de ces autres propositions, non les sujets et les prédicats des autres jugements, mais seulement leur liaison. Dériver d’autres propositions d’un principe, ce n’est donc pas en déduire les représentations des prédicats et des sujets qui constituent le contenu de ces propositions, mais seulement la nécessité de la liaison des représentations, par laquelle elles deviennent des propositions. Il ne s’agit pas de tirer le particulier de