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appliqué à ruiner par son idéalisme cette supposition : il a accepté le vieux thème des écoles d’après lequel la perception ne saurait représenter directement les choses, et c’est à partir de ce thème inexact, — car pour Jacobi la perception est une vraie perception et implique une révélation immédiate du réel, — que Kant a développé son idéalisme ; il a donc opprimé cette foi naturelle dont il avait commencé par admettre l’autorité et la portée, sous ses doctrines de l’idéalité absolue de tout ce qui est spatial et temporel ; et la chose en soi, à la façon dont il l’a admise, est restée dans la doctrine une cause d’inconséquences et de contradictions. — (Voir Vorrede, zugleich Einleitung in des Verfassers sämmtliche philosophische Schriften, 1815, t. IT, pp. 21 et suiv., 34 et suiv.)

Ainsi, selon Jacobi, la négation des choses en soi est impossible, mais elle est rendue nécessaire par la philosophie critique : l’idéalisme transcendantal est l’ennemi de la chose en soi, même quand il reconnaît l’impossibilité de s’en passer. Les objections de Jacobi énonçaient des difficultés dont les partisans de Kant avaient eux-mêmes conscience, et qui les portaient plus ou moins fortement à interpréter ou à résoudre la chose en soi dans le sens de l’idéalisme. — Pourtant, parmi eux, Reinhold commença par admettre à peu près telle quelle la chose en soi de Kant ; bien que dans son Versuch einer neuen Theorie des menschlichen Vorstellungsvermögens, il fit effort pour surmonter la distinction établie par Kant entre les diverses facultés de connaître et pour trouver à la doctrine kantienne un principe unique de systématisation, à savoir la représentation même considérée dans ses éléments, il ne