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il avait eu l’avantage d’avoir reçu par les Védas l’initiation à la vieille sagesse indoue, il serait tout à fait en état de trouver dans la philosophie de Schopenhauer, non une ennemie, non pas même une étrangère, mais la plus proche parente de son esprit. » (I, pp. 12-13.)

Telles sont les plus importantes influences avouées par Schopenhauer ; — et, pour ne retenir d’abord que celle de Kant, on peut dire qu’elle est manifeste déjà par la plus brève explication du titre du grand ouvrage de notre philosophe. — Le monde est ma représentation, — c’est-à-dire que, comme objet de connaissance, il n’est qu’un ensemble de phénomènes rendus possibles, appréhendés grâce à des formes subjectives a priori, l’espace, le temps et la causalité. Mais, outre le monde comme objet de connaissance, il y a le monde comme chose en soi, et, comme chose en soi, le monde est essentiellement volonté. — Il ne faudrait pas cependant s’imaginer que ces deux thèses complémentaires — dont l’une paraît donnée toute faite, tandis que l’autre est simplement, quoique assez naturellement, suggérée par Kant, — aient été liées l’une à l’autre dès l’abord, ni que l’influence du Kantisme se soit exercée, dès le début, sur Schopenhauer, tout à fait dans le sens où il l’a plus tard admise. Il y a eu là-dessus évolution dans la pensée de Schopenhauer. (Voir Theodor Lorentz, Zur Entwiklungsgeschichte der Metaphysik Schopenhauers, Leipzig, 1897.)

Dans une lettre à Ed. Erdmann, qui lui avait demandé des renseignements sur la formation de son esprit, Schopenhauer déclarait qu’il avait suivi le sage conseil de Schulze, à savoir de donner en premier lieu toute son application à Platon