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et comme cette activité dans le fond est la même, l’évolution est essentiellement métamorphose. Seulement, ici encore, il faut rappeler qu’une métamorphose qui serait une variation incessante échapperait à la connaissance ; il est nécessaire, pour qu’elles soient objets d’intuition, que les productions naturelles soient fixes à certains égards : et c’est même la tâche essentielle de la philosophie de la nature que de construire l’apparition d’un produit fixe. Pour cela il est nécessaire que les deux facteurs qui engendrent le produit agissent l’un sur l’autre non pas de façon à se supprimer, mais de façon à établir un équilibre. C’est dans cet équilibre que le produit est fixé, qu’il apparaît comme le substrat permanent de toute vicissitude et de tout changement. Ce substrat permanent, c’est la matière.

Cependant de la matière il faut répéter ce qui a été dit de la nature comme produit. Si elle fixe en la réalisant la productivité de la nature, elle n’arrête pas d’une façon absolue en elle cette productivité même, et elle enveloppe une tendance à une évolution infinie. Seulement les degrés de cette évolution sont, comme elle, permanents. Ainsi s’établit un processus dynamique dont les degrés nécessaires sont ce que Schelling appelle les « catégories de la Physique ». (Voir Einleitung zu dem Entwurf eines Systems der Naturphilosophie, Bd. III, pp. 280-321. — Voir aussi Allgemeine Deduktion des dynamischen Processus, Bd. IV, pp. 25 sq.)

Il ne saurait être question d’exposer, même en ses traits généraux, cette construction de la nature, d’autant plus qu’elle a assez sensiblement varié dans les expressions que Schelling en a données. Voici peut-être quel en est le schème