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PROSPER BLANCHEMAIN


I


Blanchemain (Jean-Baptiste-Prosper), naquit à Rouen le 16 juillet 1816. Il n’était pas fils de poète ; mais, si on voulait chercher parmi ses ancêtres les explications héréditaires de son talent poétique, on les trouverait peut-être dans l’esprit d’une grand’tante, Mme Babois, poète à ses heures, qui a laissé des œuvres remplies de goût et d’émotion.

Pourquoi d’ailleurs remonter si haut ? C’est à une autre source que le poëte croyait avoir puisé. C’est à sa mère, femme d’esprit et de cœur, qu’il croyait devoir son talent, son inspiration et son âme.

Sa famille jouissait d’une assez grande fortune, de sorte que ses vers ne sont pas de ceux qui ont été conçus dans une mansarde ou écrits dans un grenier.

. . . Paupertas impulit audax,
Ut versus facerem. . .

disait le bon Horace. M. Blanchemain ne connut jamais cet aiguillon poétique. Sa Muse ne sera donc jamais en haillons, amaigrie par les veilles, pâle de misère et de faim, avec de terribles accents de désespoir. Non. C’est plutôt cette Muse aimable et parfumée, brillante et joyeuse, Muse des cours et des palais, Muse du bonheur.