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des individus dont la dégénération commence à l’origine même ; donc, si depuis huit cents ans la race Camargue ne s’est perpétuée que par ses accouplements, sa dégradation ne peut étonner ; au contraire elle met en évidence cette règle de la nature que chaque espèce décroît si ses accouplements sont indiscrets, mais par contre, s’ils sont judicieusement établis, on verra, dans la même race, s’accomplir des améliorations constantes et susceptibles même de grandes et nombreuses modifications.

Appelés à vivre au milieu des marais, comment les poulains ne prendraient-ils pas des formes incomplètes, imparfaites ? Comment, lorsque par le seul fait de rechercher leur nourriture à terre, les os de la tête acquièrent un surcroît de développement, les membres antérieurs ne se ressentiraient-ils pas d’une fatigue occulte, incessante, et d’une action puissante, qui amène prématurément la raideur, cette gêne que l’on remarque dans les épaules ? En effet cette action facilite l’engouement des articulations, prédispose les membres à être arqués et aide les tendons à s’effacer et à s’accoler le long des canons ; d’où il suit qu’ils représentent alors ce que l’on désigne sous le nom de tendons faillis ; enfin les boulets même s’engorgent souvent et leur ensemble offre quelquefois l’aspect de la fatigue et de l’usure chez les adolescents ; aussi ces jeunes animaux, victimes innocentes de l’ignorance, succombent-ils souvent avant leur entier développement.

Ceux qui sont doués d’une constitution assez