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employés à des exercices plus utiles à l’agriculture et aux besoins des populations.

Je n’aime pas les courses, mais mon but n’est pas de les attaquer, je finis par croire que c’est un amusement devenu nécessaire : c’est un besoin inné des populations du pays, et quoique on reconnaisse qu’elles sont plus dangereuses qu’utiles, on n’a pu encore organiser une fête de village sans insérer dans le programme, et en première ligne, une ou plusieurs courses de taureaux sauvages.

On a reproché au Camargue son insoumission, ce qui est, à mon avis, peu logique, car il faudrait admettre qu’il diffère des autres animaux de son espèce. En effet, comment serait-il soumis ? Abandonné qu’il est presque exclusivement à la liberté, n’est-il pas naturel qu’il dédaigne et cherche toujours à fuir l’esclavage ? On ne parvient, dit-on, qu’avec peine à le dompter : pour mon propre compte, j’ai été témoin de la facilité avec laquelle il se débarrasse de son cavalier et de l’adresse qu’il emploie pour jeter au loin le harnais. C’est dans ce moment qu’il faut voir ce cheval pour comprendre tout le parti qu’on peut en tirer encore : il hennit, ses naseaux se dilatent, il bondit, son regard revêt un caractère de vivacité remarquable, sa queue est portée en panache, ses allures deviennent belles et franches, en un mot, on ne peut, en cet instant, ne pas reconnaître un descendant du cheval arabe. Entre eux il n’existe qu’une différence d’éducation. Le Camargue est plus près que le cheval oriental de