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avec facilité, soit pour dépiquer, soit pour rechercher sa nourriture. Dans sa première ardeur, rien ne l’arrête : il franchit avec aisance un fossé de trois à quatre mètres, une haie élevée, avec une hardiesse et une légèreté peu communes et cela sans être commandé ; il traverse des étangs et des marais fangeux avec une patience proverbiale, et son adresse dans les marches de nuit, a fait penser qu’il était doué de la faculté d’y voir dans l’obscurité. Il n’est pas, je crois, nécessaire de démontrer l’erreur d’une pareille croyance.

La vigueur que ce cheval déploie dans les courses de taureaux, est extraordinaire, soit pour conduire ces animaux des marais dans les villes où la fête doit avoir lieu, soit pour les poursuivre dans l’arène et les forcer par un galop longtemps soutenu. Le taureau vaincu s’abat, et c’est alors qu’on lui imprime, au fer rouge, la marque du propriétaire. Dans ces exercices, nommés ferrades, le Camargue dressé n’est pas dirigé par son cavalier ; celui-ci a besoin de ses deux mains pour manier un trident qui doit aiguillonner le taureau fatigué ; car on ne se contente pas d’une demi-victoire, il faut celle-ci complète, et on n’est content que lorsque l’animal vaincu, essoufflé, s’agenouille, et l’écume à la bouche, la langue pendante, termine par sa défaite cet hallali barbare.

Il est vraiment fâcheux que des chevaux si énergiques et qui ont tant de moyens, ne soient pas