Page:Delavigne - Œuvres complètes, volume 5, Didot, 1881.djvu/155

Cette page n’a pas encore été corrigée


Ton coq peut tourner à sa guise,
Clocher, que je fuis sans retour :
Ce n’est plus à moi que la brise
Lui dit d’annoncer un beau jour.
 
Cette fenêtre était la tienne,
Hirondelle, qui vint loger
Bien des printemps dans ma persienne,
Où je n’osais te déranger ;
Dés que la feuille était fanée,
Tu partais la première, et moi,
Avant toi je pars cette année ;
Mais reviendrais-je comme toi ?

Qu’ils soient l’amour d’un autre maître,
Ces pêchers dont j’ouvris les bras !
Leurs fruits verts, je les ai vu naître ;
Rougir je ne les verrai pas.
J’ai vu des bosquets que je quitte
Sous l’été les roses mourir ;
J’y vois planter la marguerite :
Je ne l’y verrai pas fleurir.

Ainsi tout passe, et l’on délaisse
Les lieux où l’on s’est répété :
« Ici luira sur ma vieillesse
L’azur de son dernier été. »
Heureux, quand on les abandonne,
Si l’on part en se comptant tous,
Si l’on part sans laisser personne
Sous l’herbe qui n’est plus à vous.

Adieu, prairie où sur la brune,
Lorsque tout dort, jusqu’aux roseaux,
J’entendais rire au clair de lune
Les lutins des bois et des eaux,