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Ami, me coûtent de tourments,
Au fond de ces tristes demeures !
Les jours n’ont ni soir ni matin :
Et l’aiguille y tourne sans fin.
Sans fin, sur un cadran sans heures.
         Hélas ! hélas !
Vers vous, ami, levant les bras,
l’attends en vain dans ces demeures.
         Hélas ! hélas !
J’attends, et vous ne priez pas.

Quand mon crime fut consommé,
Un seul regret eût désarmé
Ce Dieu qui me fut si terrible.
Deux fois, prête a me repentir,
De la mort qui vint m’avertir
Je sentis l’haleine invisible.
         Hélas ! hélas !
Vous étiez heureux dans mes bras.
Me repentir fut impossible.
         Hélas ! hélas !
Je souffre, et vous ne priez pas.

Souvenez-vous de la Brenta,
Où la gondole s’arrêta,
Pour ne repartir qu’à l’aurore ;
De l’arbre qui nous a cachés,
Des gazons... qui se sont penchés,
Quand vous m’avez dit : « Je t’adore. »
         Hélas ! hélas !
La mort m’y surprit dans vos bras,
Sous vos baisers tremblante encore.
         Hélas ! hélas !
Je brûle, et vous ne priez pas.

Rendez-les-moi, ces frais jasmins,