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Non, non, sur vos tombeaux, Rome, la vieille Rome,
N’offrit pas dans sa gloire un spectacle plus grand
Que ce concours sacré d’un peuple entier pleurant,
Pleurant la perte d’un seul homme !

Reçois, ô mon pays, ce tribut mérité !
France, de quel orgueil mon cœur a palpité
En l’adressant ces vers sous les ombrages sombres
Qui couronnent le Célius,
Au pied du Palatin, devant les grandes ombres
Des Camille et des Tullius !

Et toi, qu’on vent flétrir, jeunesse ardente et pure,
De guerriers, d’orateurs, toi, généreux essaim,
Qui sens fermenter dans ton sein
Les germes dévorants de ta gloire future,
Penché sur le cercueil que tes bras ont porté,
De ta reconnaissance offre l’exemple au monde :
Honorer la vertu, c’est la rendre féconde,
Et la vertu produit la liberté.

Prépare son triomphe en lui restant fidèle.
Des préjugés vieillis les autels sont usés ;
Il faut un nouveau culte à cette ardeur nouvelle
Dont les esprits sont embrasés.
Vainement contre lui l’ignorance conspire.
Que celle liberté qui règne par les lois
Soit, la religion des peuples et des rois.
Pour la mieux consacrer on devait la proscrire ;
Sa palme, qui renaît, croît sous les coups mortels ;
Elle eut son fanatisme, elle touche au martyre,
Un jour elle aura ses autels.

Le verrai-je, ce jour, où sans intolérance
Son culte relevé protégera la France ?
O champs de Pressagni, fleuve heureux, doux coteaux,