Que je sens tressaillir sous les touffes de lierre
De ces tombeaux qu’on foule aux pieds !
Vous le savez, vous tous qui, pour vos-funérailles,
Avez vu Rome en deuil sortir de ses murailles !
Ah ! s’il a pu cesser, ce culte glorieux
Qu’on rendait au courage, à la sainte éloquence,
Levez-vous, il renaît ; Romains, ouvrez les yeux,
Ne regardez pas Rome, et regardez la France.
Il fut orateur et guerrier,
Celui que la France attendrie »
Couronne d’un double laurier !
Entendez-vous ces mots : « Valeur, Talent, Patrie ? »
Entendez-vous ce cri d’une éloquente voix :
« Ses enfants sont ceux de la France ! »
Ce cri, qui d’un seul cœur s’élance,
Semble de tous les cœurs s’élever à la fois…
Orateurs, répondez : jamais plus digne hommage
Honora-t-il un père en sa postérité,
Et jamais votre pauvreté
Laissa-t-elle à vos fils un plus riche héritage ?
Et vous aussi, guerriers, levez-vous : contemplez
De nos vieux étendards les vengeurs mutilés !
Ces Romains qui suivaient vos pompes funéraires
Par des exploits plus grands s’étaient-ils signalés
Autour des faisceaux consulaires ?
Les travaux, les hivers et l’ardeur des étés
Avaient-ils sur leur, front mieux gravé leurs services,
Et leurs pleurs en coulant se sont-ils arrêtés
Dans de plus nobles cicatrices ?
Non, guerriers, non, jamais, mânes victorieux,
Jamais, fiers défenseurs des libertés publiques,
Rome ne se couvrit, pour vos vertus antiques,
D’un deuil plus unanime et plus religieux.
Page:Delavigne - Œuvres complètes, volume 4, Didot, 1881.djvu/93
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