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D’une reine déchue amant toujours fidèle,
Que ta lumière est triste et belle
Sur les débris de sa grandeur !
Tes rayons amortis, que le regard supporte,
Palissent en les éclairant,
Soleil, et ton éclat mourant
S’unit mieux à leur beauté morte.

Ainsi l’on voit s’éteindre, environné d’hommages,
Le talent inspiré, qui, pur et sans nuages,
N’a brillé que par la vertu.
Ainsi nous l’admirons, ainsi nos larmes coulent,
Au milieu des débris de nos lois qui s’écroulent
Comme un monument abattu ;
Et l’éclat plus sacré de ce flambeau qui tombe
Répand les derniers feux dont il est embrasé
Sur le temple détruit et sur l’autel brisé
De la Liberté qui succombe.

Dans sa splendeur enseveli,
Glorieux et pleuré par la reconnaissance,
Ainsi mourut celui qui vengea notre France.
Ces traits éloquents ont pâli
Qui de l’âme élancés pénétraient jusqu’à l’âme ;
Il s’est ouvert ce cœur, il vient de se briser,
Trop plein pour contenir la généreuse flamme
Qu’il répandait sans l’épuiser.

La patrie, à l’aspect d’une cendre si chère,
A senti s’émouvoir ses entrailles de mère.
Ah ! qu’elle pleure, elle a droit de pleurer :
Pour la défendre encore il déposa ses armes.
Elle s’honore en voulant l’honorer.
A le nommer son fils qu’elle trouve de charmes !
Fière de sa douleur, plus belle de son deuil,
A qui voudra les voir qu ! elle montre ses larmes :