« L’Espagne, qui préfère au plus beau de ses droits
« La sainte obscurité dont la nuit l’environne,
« Marâtre de ses fils, infidèle à ses lois,
« A l’esclavage s’abandonne,
« Et s’endort sous sa chaîne en priant pour ses rois.
« Reprendra-t-elle un jour son énergie antique ?
« Libre, doit-elle enfin, d’un bras victorieux,
« Combattre et déchirer le bandeau fanatique
« Qu’une longue ignorance épaissit sur ses yeux ?
« Un arbre sur la France étendait son ombrage :
« Nous l’entourons encor de nos bras impuissants ;
« Le fer du despotisme a touché son feuillage,
« Dont les rameaux s’ouvraient chargés de fruits naissants.
« Si par sa chute un jour le tronc qui les supporte
« Doit de l’Europe entière ébranler les échos,
« Le fer, sous son écorce morte,
« De sa sève de feu tarira-t-il les flots ?
« Ou de sa dépouille flétrie
« Quelque rameau ressuscité
« Reprendra-t-il racine au sein de la patrie,
« Au souffle de la liberté ?
« Réponds-moi, réponds-moi ! furieuse, écumante,
« Le front pâle, et les yeux troublés d’un saint effroi,
« Pleine du dieu qui le tourmente,
« Viens, viens, Sibylle, et réponds-moi !… »
J’écoutais : folle attente ! espérance inutile !
L’oracle d’Apollon ne répond qu’à Virgile ;
Et ces noms méconnus qu’en vain je répétai,
Ces noms jadis si beaux : patrie et liberté,
N’ont pas même aujourd’hui d’écho chez la Sibylle.
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