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« Le dernier de ces rois, que le souffle du Nord
« A du trône des czars apporté sui ce bord,
« Pliait sous le nom d’Alexandre ;
« Allons-nous voir les chefs de son armée en deuil
« Donner des jeux sanglants autour de son cercueil,
« Pour un sceptre flottant qu’il ne peut plus défendre ?

« Verrons-nous couronner l’héritier de son choix,
« Et ce maître nouveau d’un empire sans lois
« Doit-il, usant ses jours dans de saintes pratiques,
« Assister de loin comme lui
« Aux funérailles héroïques
« D’Athènes qui l’implore et qui meurt sans appui ?

« N’offrira- t-elle un jour que des débris célèbres ?
« La verrons-nous tomber après ses longs efforts,
« Vide comme Pompei, qui du sein des ténèbres,
« En secouant sa cendre, étale sur vos bords
« Ses murs où manque un peuple, et ses palais funèbres
« Où manquent les restes des morts ?

« Réponds-moi ! réponds-moi ! furieuse, écumante,
« Le front pâle, et les yeux troublés d’un saint effroi,
« Pleine du dieu qui te tourmente,
« Viens, viens, Sibylle, et réponds-moi !

« La verrons-nous, cette belle Ausonie,
« Jeter quelques rayons de sen premier éclat ?
« Ou ce flambeau mourant des arts et du génie
« Doit-il toujours passer avec ignominie
« De la France aux Germains, du pontife au soldat,
« Semblable aux feux mouvants, aux clartés infidèles
« Qui, changeant de vainqueurs, volent de mains en mains,
« Vain jouet des combats que livrent les Romains
« Dans leurs saturnales nouvelles ?