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III

Le Vaisseau


Naples.

 
Par les flots balancée, une barque légère
Hier m’avait porté sur ce vaste vaisseau
Qui fatiguait le golfe et sa vaine colère
D’un inébranlable fardeau.
Ses longs mâts dans les deux montaient en pyramides :
Comme un serpent ailé, leur flamme au sein des airs
Déroulait ses anneaux rapides,
Et j’admirais ce noir géant des mers,
Armé d’un triple rang de bronzes homicides,
Qui sortaient à demi de ses flancs entr’ouverts.

Ces mots : Demain ! demain ! ce doux nom de la Grèce,
Volent débouche en bouche : on s’agite, on s’empresse.
L’un, penché sur les ponts, aux câbles des sabords
Enchaîne les foudres roulantes ;
L’autre court, suspendu sur les vergues tremblantes,
Où la voile, en criant, cède à ses longs efforts.
Leur chef le commandait, et son regard tranquille
De la poupe à la proue errait de tous côtés,
Avant d’abandonner cette masse immobile
Au souffle des vents irrités.

Ainsi, prêt à quitter les sphères immortelles,
Pour ravir une proie au vautour furieux,