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qua un des plus beaux souvenirs de l’histoire de nos pères, il chanta la mystérieuse héroïne qui avait purgé notre sol de la domination anglaise. Ce n’était plus un aux armes, mais une allusion pleine de mélancolie au plus énergique mouvement du vieux peuple de France pour sauver l’indépendance du sol, mais un moyen délicat de nous tenir en haleine, et une leçon cachée pour tempérer dans l’esprit des rois de l’Europe l’ivresse d’une première bataille gagnée contre la France.

Le temps changea, les esprits se modifièrent ; en France, le lendemain ne ressemble jamais à la.veille. Le poëte se pliait merveilleusement à ces changements de temps, à cette mobilité de l’opinion. Sitôt qu’un pas était fait vers l’avenir, il en était averti sitôt qu’une pensée généreuse se faisait jour dans cette France si ardente et si expansive, il la recueillait et la popularisait.

Vous souvenez-vous de l’année 1821 ? Nous sommes si habitués aux grands événements, que cette année-là, qui en fut si pleine, se confond dans notre mémoire avec toutes celles de la restauration. Pourtant, que de choses et que de mouvement dans le monde à cette époque Naples est étouffée par l’Autriche, après avoir essayé d’un parlement et goûté d’une liberté orageuse et passagère. Le Piémont, travaillé par de jeunes enthousiastes et par le voisinage contagieux de la France et de ses institutions libérales, un jour touche à la liberté, et.le lendemain héberge les armées autrichiennes. L’Autriche, cette police permanente des idées constitutionnelles, pousse ses lourds bataillons partout où elle aperçoit l’ombre d’une charte. L’Espagne civilisée cherche à tirer du bourbier l’Espagne monacale, et montre sa constitution écrite à des masses qui ne savent pas lire la France, tout occupée des fortunes diverses de la charte de