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I

Le Départ

A bord de la Madone,

 
Que la brise des mers te porte mes adieux,
O France, je te quitte ; adieu, France chérie !
Adieu, doux ciel natal, terre où j’ouvris les yeux !
Adieu, patrie ! adieu, patrie [1] !

Il tombe, ce mistral, dont le souffle glacé
M’enchaînait dans le port de l’antique Marseille ;
Mon brick napolitain, qui sommeillait la veille
Sur cette onde captive où les vents l’ont bercé,
Aux cris qui frappent mon oreille
Sous ses agrès tremblants s’émeut, frémit, s’éveille,
Et loin du port s’est élancé.

O toi, des Phocéens brillante colonie,

  1. Nous avons entendu dire à l’auteur des Messéniennes que, lorsque le brick napolitain sur lequel il était embarqué leva l’ancre, il entendit un jeune matelot chanter un air touchant d’Italie, que M. Delavigne a heureusement retenu ; il associa même alors aux notes de cet air les paroles d’une ballade à peu près improvisée, comme pour traduire la pensée supposée du chanteur. Cette ballade a été conservée et se trouve sous le titre de la Brigantine dans les Derniers Chants.