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Tonne encor pour chasser son ombre solitaire
Des noirs caveaux du Panthéon.

Byron, tu préféras, sous le ciel d’Ibérie,
Des roses de Cadix l’éclat et les couleurs
Aux attraits de ces nobles fleurs
Pâles comme le ciel de ta froide patrie [1] ;
De là tes jours de deuil, de là tes longs malheurs !
Des vierges d’Albion la beauté méprisée
Te poursuivit jusqu’au cercueil,
Et de l’Angleterre abusée
Tu fus le mépris et l’orgueil.

En vain leurs yeux ardents dévoraient tes ouvrages ;
L’auteur par son exil expia ses outrages ;
Et tu n’as rencontré sous des cieux différens,
Des créneaux de Chillon aux débris de Mégare,
Des gouffres d’Abydos aux cachots de Ferrare,
Que sujets d’accuser les dieux et les tyrans.

Victime de l’orgueil, tu chantas les victimes
Qu’il immole sur ses autels ;
Entouré de débris qui racontaient des crimes,
Tu peignis de grands criminels.
Rebelle à son malheur, ton âme indépendante
N’en put sans désespoir porter le joug de fer :
Persécuté comme le Dante,
Comme lui tu rêvas l’enfer.

L’Europe doit t’absoudre, en lançant l’anathème
Sur tes tristes imitateurs.
La gloire n’appartient qu’aux talents créateurs ;

  1. Who round the northfor paler dames would seek ?
    How poor their forms appear ! how languid, wan and weak !
    Childe-Harold, canto I