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comme pays de conquête. Eh bien ! échappes au danger de cette dernière épreuve, à peine étions-nous maîtres de notre sol que la discorde s’y établissait à la place des étrangers alors celui qui avait rendu un courageux hommage aux morts de Waterloo, celui qui avait protesté contre la-dévastai onde nos musées, fit un touchant appel à l’union celui qui était jeune donna une leçon d’oubli aux vieillards ; celui qui sortait à peine des bancs universitaires gourmanda les partis avec une sagesse prématurée ; et son dernier adieu aux armées qui évacuaient notre sol fut un hymne à la concorde, qui rend les peuples invincibles.

Les Messéniennes suivantes, où le poëte chante la gloire et les malheurs de Jeanne-d’Arc, furent inspirées, ce nous semble, par le mémo sentiment qui animait les trois premières, c’est-à-dire par le besoin de protester contre le plus grand de nos revers. Mais, cette fois, il y eut moins d’amertume dans les regrets du poëte quelques années avaient déjà passé sur cette blessure, et lui avaient ôté ce qu’elle avait de vif et de poignant. Le spectacle de l’enfantement lent et laborieux de nos libertés, les progrès de l’esprit public dans la voie des gouvernements constitutionnels, nos combats de tribune, une nouvelle éloquence politique, dégagée des formes âpres et de l’enflure démagogique des tribuns de 93 un sentiment de curiosité et presque d’égoïsme qui concentrait l’attention de la France sur les débats de ses mandataires toutes ces choses faisaient croire aux esprits les plus sages qu’il n’y avait eu à Waterloo ni vainqueurs ni vaincus, mais seulement un grand homme tombé, et une charte victorieuse. Le poëte comprit parfaitement ce mouvement de l’opinion aussi n’adressa-t-il pas à l’étranger des imprécations directes et passionnées il lui rappela seulement notre gloire passée, il évo-