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« Tu changeas mon drapeau contre un sceptre d’airain :
Tremble, je vois pâlir ton étoile éclipsée.
La force est sans appui, du jour qu’elle est sans frein.
Adieu, ton règne expire et ta gloire est passée. »

La seconde unissait aux palmes des déserts
Les dépouilles d’Alexandrie.
Les feux dont le soleil inonde sa patrie,
De ses brûlants regards allumaient les éclairs.
Sa main, par la conquête armée,
Dégouttante du sang des descendants d’Omar,
Tenait le glaive de César
Et le compas de Ptolémée.

« Je t’ai connu banni ; salut : te voilà roi.
Du mont Thabor la brillante journée
Dans tes fastes, dit-elle, a pris place après moi ;
Salut ! Je suis sa sœur aînée.

« Je te dois l’éclat immortel
Du nom que je reçus aux pieds des pyramides.
J’ai vu les turbans d’Ismaël
Foulés au bord du Nil par tes coursiers rapides.
Les arts sous ton égide avaient placé leurs fils,
Quand des restes muets de Thèbe et de Memphis
Ils interrogeaient la poussière ;
Et, si tu t’égarais dans ton vol glorieux,
C’était comme l’aiglon qui se perd dans les cieux,
C’était pour chercher la lumière.

« Tu voulus l’étouffer sous ton sceptre d’airain :
Tremble, je vois pâlir ton étoile éclipsée.
La force est sans appui, du jour qu’elle est sans frein.
Adieu ! Ton règne expire, et ta gloire est passée. »

La dernière… O pitié, des fers chargeaient ses bras !