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Des débris en couvraient les bords,
Et de leur cendre amoncelée
Les vautours, prenant leur volée,
Emportaient les lambeaux des morts.

Il dit, s’élançant dans l’abîme :
« Les peuples sont nés pour souffrir ;
Noir océan, prends ta victime,
S’il faut être esclave ou mourir ! »

Ainsi l’alcyon, moins timide,
Part et se croit libre en quittant
La rive où sa mère l’attend
Dans le nid qu’il a laissé vide.

Il voltige autour des palais,
Orgueil de la cité prochaine,
Et voit ses frères qu’on enchaîne,
Se débattre dans des filets.

Il voit le rossignol, qui chante
Les amours et la liberté,
Puni par la captivité
Des doux sons de sa voix touchante.

De l’Olympe il voit l’aigle altier
Briser, pour sortir d’esclavage,
Son front royal et prisonnier
Contre les barreaux de sa cage.

Vers sa mère il revient tremblant,
Et l’appelle en vain sur la rive,