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Il rentre sans blessure, et non pas sans lauriers,
L’heureux vengeur de nos dieux domestiques.
Quels bras reconnaissants ont dressé ces portiques ?
Que de fleurs sur ses pas ! Que d’emblèmes guerriers !
Le peuple, aux jeux publics où ce héros préside,
Se lève devant son appui ;
Le vieillard lui fait place, et la vierge timide
Le montre à sa compagne en murmurant : c’est lui !

Il rentre le vainqueur, mais porté sur ses armes.
Est-il pour son bûcher d’appareil assez beau ?
Pour le pleurer est-il assez de larmes ?
Est-il marbre assez pur pour orner son tombeau ?
Ses exploits sont chantés, sa mémoire est chérie ;
Il monte au rang des dieux qu’adore la patrie.
Elle comble d’honneurs ses mânes triomphants,
Et son père, et ses fils, et sa famille entière,
Et les enfants de ses enfants
Dans leur postérité dernière. »

Debout, la lyre en main, à l’aspect des deux camps,
Ainsi chantait le vieux Tyrtée.
Pour la Grèce ressuscitée
Que ne puis-je aujourd’hui ressusciter ses chants !
Je vous dirais, ô grecs, ressemblez à vos pères :
Soyez libres comme eux, ou mourez en héros.
Jadis vous combattiez vos frères,
Et vous combattez vos bourreaux.

Ils viennent ! Aux clartés dont la mer se colore
J’ai reconnu leurs pavillons.
Quel volcan a lancé ces épais tourbillons ?
Dans l’ombre de la nuit quelle effroyable aurore !…
La dernière pour toi, que la flamme dévore,