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SUR

L’ESPRIT ET LE CARACTÈRE

DES MESSÉNIENNES.


C’est une chose digne de remarque, qu’à-toutes les époques de son beau talent, M. Casimir Delavigne s’est toujours associé, soit à la pensée librement exprimée, soit aux lointaines espérances de l’opinion populaire, et qu’il n’y a pas une de ses Messéniennes qui ne soit l’écho d’un regret donné au passé, en vue du présent. On peut suivre dans ses vers le chemin qu’a fait l’opinion depuis 1815, car le poëte est aussi historien ; mais, pour faire son histoire, il laisse !à les petits hommes et les petites choses ; il plane sur la France, il saisit cette pensée publique, pensée austère et inflexible, où chacun contribue malgré soi et à son insu.

Dès 1815 il débute dans la carrière par trois MESSÉ-NIENNES qui répondaient aux impressions du moment.C’était après Waterloo ; quoique cette défaite ne fût venue qu’après vingt-cinq ans de victoires, les bons citoyens déploraient que, la France fût ainsi mise hors de combat, et que le grand mouvement militaire qui avait remué toute l’Europe, et planté le drapeau tricolore sur toutes les capitales, se terminât par un échec à nos armes. Le poëte alors prit sa lyre, et il chanta les vaincus au lieu d’aller offrir un encens banal à la nouvelle cour, il se fit le courtisan des braves.