Page:Delavigne - Œuvres complètes, volume 4, Didot, 1881.djvu/30

Cette page n’a pas encore été corrigée


V

La Mort de Jeanne d’Arc


 
Silence au camp ! La vierge est prisonnière ;
Par un injuste arrêt Bedfort croit la flétrir :
Jeune encore, elle touche à son heure dernière…
Silence au camp ! La vierge va périr.

Des pontifes divins, vendus à la puissance,
Sous les subtilités des dogmes ténébreux
Ont accablé son innocence.
Les anglais commandaient ce sacrifice affreux :
Un prêtre en cheveux blancs ordonna le supplice ;
Et c’est au nom d’un dieu par lui calomnié,
D’un dieu de vérité, d’amour et de justice,
Qu’un prêtre fut perfide, injuste et sans pitié.

Dieu, quand ton jour viendra, quel sera le partage
Des pontifes persécuteurs ?
Oseront-ils prétendre au céleste héritage
De l’innocent dont ils ont bu les pleurs ?
Ils seront rejetés, ces pieux imposteurs,
Qui font servir ton nom de complice à leur rage,
Et t’offrent pour encens la vapeur du carnage.

A qui réserve-t-on ces apprêts meurtriers ?
Pour qui ces torches qu’on excite ?
L’airain sacré tremble et s’agite…
D’où vient ce bruit lugubre ? Où courent ces guerriers
Dont la foule à long flots roule et se précipite ?

La joie éclate sur leurs traits,
Sans doute l’honneur les enflamme :