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Qu’entends-je ? Et d’où vient cette ivresse
Qui semble croître dans son cours ?
Quels chants, quels transports d’allégresse !
Quel bruyant et nombreux concours !
De nos soldats la foule au loin se presse ;
D’une nouvelle ardeur leurs yeux sont embrasés ;
Plus d’anglais parmi nous ! Plus de joug ! Plus d’entraves !
Levez plus fièrement vos fronts cicatrisés…
Oui, l’étranger s’éloigne ; oui, vos fers sont brisés ;
Soldats, vous n’êtes plus esclaves !

Reprends ton orgueil,
Ma noble patrie ;
Quitte enfin ton deuil,
Liberté chérie ;
Liberté, patrie,
Sortez du cercueil !

D’un vainqueur insolent méprisons les injures :
Riches des étendards conquis sur nos rivaux,
Nous pouvons à leurs yeux dérober nos blessures
En les cachant sous leurs drapeaux.

Voulons-nous enchaîner leurs fureurs impuissantes ?
Soyons unis, français ; nous ne les verrons plus
Nous dicter d’Albion les décrets absolus,
Arborer sur nos tours ses couleurs menaçantes.
Nous ne les verrons plus, le front ceint de lauriers,
Troublant de leur aspect les fêtes du génie,
Chez Melpomène et Polymnie
Usurper une place où siégeaient nos guerriers.
Nous ne les verrons plus nous accorder par grâce
Une part des trésors flottants sur nos sillons.
Soyons unis ; jamais leurs bataillons
De nos champs envahis ne couvriront la face :
La France dans son sein ne les peut endurer,