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Ah ! Tant que le soleil luira sur vos états,
Il en doit éclairer d’impérissables marques :
Comment disparaîtront, ô superbes monarques,
Ces champs où les lauriers croissaient pour nos soldats ?
Allez, détruisez donc tant de cités royales
Dont les clefs d’or suivaient nos pompes triomphales ;
Comblez ces fleuves écumants
Qui nous ont opposé d’impuissantes barrières,
Aplanissez ces monts dont les rochers fumants
Tremblaient sous nos foudres guerrières.
Voilà nos monuments : c’est là que nos exploits
Redoutent peu l’orgueil d’une injuste victoire :
Le fer, le feu, le temps plus puissant que les rois,
Ne peut rien contre leur mémoire.


III

Du Besoin de s’unir


 
Ô toi que l’univers adore,
Ô toi que maudit l’univers,
Fortune, dont la main, du couchant à l’aurore,
Dispense les lauriers, les sceptres et les fers,
Ton aveugle courroux nous garde-t-il encore
Des triomphes et des revers ?

Nos malheurs trop fameux proclament ta puissance ;
Tes jeux furent sanglants dans notre belle France :
Le peuple mieux instruit, mais trop fier de ses droits,
Sur les débris du trône établit son empire,