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UNE TROYENNE.

Chantez cette Ilion proscrite par les dieux ;
Chantez, nous diront-ils, misérables captives,
Et que l’hymne troyen retentisse en ces lieux.
Ô fleuves d’Ilion, nous chantions sur vos rives,
Quand des murs de Priam les nombreux citoyens,
Enrichis dans la paix, triomphaient dans la guerre ;
          Mais les hymnes troyens
Ne retentiront plus sur la rive étrangère !

UNE AUTRE.

          Si tu veux entendre nos chants,
Rends-nous, peuple cruel, nos époux et nos pères,
          Nos enfants et nos frères !
Fais sortir Ilion de ses débris fumants !
Mais puisque nul effort aujourd’hui ne peut rendre
          La splendeur à Pergame en cendre,
          La vie aux guerriers phrygiens,
Sans cesse nous voulons pleurer notre misère,
          Et les hymnes troyens
Ne retentiront pas sur la rive étrangère.

CHŒUR.

Adieu, mânes sacrés des héros et des rois !
          Adieu, terre chérie !
Doux sommet de l’Ida, beau ciel de la patrie,
Vous entendez nos chants pour la dernière fois !