Femmes, enfants, vieillards, sous le fer tout succombe,
Par un même trépas dans une même tombe
Tous les citoyens sont plongés.
Adieu, champs où fut Troie ; adieu, terre chérie,
Et vous, mânes sacrés des héros et des rois,
Doux sommets de l’Ida, beau ciel de la patrie,
Adieu pour la dernière fois !
Un jour, en parcourant la plage solitaire,
Des forêts le tigre indompté
Souillera de ses pas l’auguste sanctuaire,
Séjour de la divinité.
Le pâtre de l’Ida, seul près d’un vieux portique,
Sous les rameaux sanglants du laurier domestique,
Où l’ombre de Priam semble gémir encor,
Cherchera des cités l’antique souveraine,
Tandis que le bélier bondira dans la plaine
Sur le tombeau d’Hector.
Et nous, tristes débris, battus par les tempêtes,
La mer nous jettera sur quelque bord lointain.
Des vainqueurs nous verrons les fêtes,
Nous dresserons aux Grecs la table du festin.
Leurs épouses riront de notre obéissance ;
Et dans les coupes d’or où buvaient nos aïeux,
Debout, nous verserons aux convives joyeux
Le vin, l’ivresse et l’arrogance.