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Ton empire n’est plus, et ta gloire est flétrie.

UNE TROYENNE.

Sous l’azur d’un beau ciel, qui promet d’heureux jours,
Quel est ce passager dont la nef couronnée,
Dans un calme profond, s’avance abandonnée
          Au souffle des Amours ?

UNE AUTRE.

          Il apporte dans nos murailles
          Le carnage et les funérailles.
Neptune, au fond des mers que ton trident vengeur
          Ouvre une tombe à l’adultère !
Et vous, dieux de l’Olympe, ordonnez au tonnerre
          De dévorer le ravisseur.

UNE TROYENNE.

Mais non, le clairon sonne et le fer étincelle ;
Je vois tomber les rocs, j’entends siffler les dards ;
Dans les champs dévastés le sang au loin ruisselle,
          Les chars sont heurtés par les chars.
          Achille s’élance,
          Il vole, tout fuit,
          L’horreur le devance,
          Le trépas le suit,
          La crainte et la honte
          Sont dans tous les yeux,
          Hector seul affronte
          Achille et les dieux.

UNE AUTRE.

Sur les restes d’Hector qu’on épanche une eau pure.
Apportez des parfums, faites fumer l’encens.
Autour de son bûcher, vos sourds gémissements
          Forment un douloureux murmure ;
Ah ! gémissez, Troyens ! soldats, baignez de pleurs