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À nous, Français, les balles d’Iéna
Sur notre sein ont inscrit nos services ;
À Marengo le fer le sillonna ;
De Champ-Aubert comptez les cicatrices.
Vaincre ou mourir ensemble autrefois fut si doux !
Nous étions sous Paris… Pour de vieux frères d’armes.
         N’aurez-vous que des larmes ?
Frères, c’était du sang que nous versions pour vous,

Polonais, à la baïonnette !
C’est le cri par nous adopté ;
Qu’en roulant le tambour répète :
À la baïonnette !
Vive la liberté !

O vous du moins dont le sang glorieux
S’est dans l’exil répandu comme l’onde,
Pour nous bénir, mânes victorieux,
Relevez-vous de tous les points du monde !
Qu’il soit vainqueur, ce peuple, ou martyr comme vous.
Sous les bras du géant, qu’en mourant il retarde,
          Qu’il tombe à l’avant-garde
Pour couvrir de son corps la liberté de tous !

Polonais, à la baïonnette !
C’est le cri par nous adopté ;
Qu’en roulant le tambour répète :
À la baïonnette !
Vive la liberté !

Polonais, à la baïonnette !
Sonnez, clairons ! Polonais, à ton rang !
Suis sous le feu ton aigle qui s’élance.
La liberté bat la charge en courant,
  Et la victoire est au bout de la lance.
Victoire à l’étendard que l’exil ombragea
Des lauriers d’Austerlitz, des palmes d’Idumée !