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Que dis-je ? vain effroi ! Dieu veut qu’il la rapporte
Sous la bouche de leur canon,
Et passe avec ou sans escorte.
Que l’Océan soit libre ou non.
Mais qu’il ferait beau voir l’escadre funéraire,
Un fantôme pour amiral,
Mitrailler en passant l’arrogance insulaire,
Et lui sous son deuil triomphal,
Pour conquérir ses funérailles,
Joindre aux lauriers conquis par quinze ans de batailles
Les palmes d’un combat naval !

Viens dans ce linceul de gloire,
Toi qui nous as faits si grands ;
Viens, spectre que la victoire
Reconnaîtra dans nos rangs.
Contre nous que peut le nombre ?
Devant nous tu marcheras :
Pour vaincre à ta voix, grande ombre,
Nous t’attendons l’arme au bras !

Arme au bras ! fier débris de la phalange antique,
Qui, de tant d’agresseurs vengeant la république,
Foula sous ses pieds nus tant de drapeaux divers ;
Arme au bras ! vétérans d’Arcole et de Palmyre,
Vous, restes mutilés des braves de l’Empire ;
Vous, vainqueurs d’Ulloa, de l’Atlas et d’Anvers !
Dans les camps, sur la plaine, aux créneaux des murailles,
Avec tes vieux soutiens et tes jeunes soldats,
Avec tous les enfants qu’ont portés tes entrailles,
Arme au bras, patrie, arme au bras !

Il aborde, et la France, en un camp transformée,
Reçoit son ancien général ;
Il écarte à ses cris le voile sépulcral,
Cherche un peuple, et trouve une armée !