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Sans laisser à mes pieds de trace sur ce bord.
Ils dorment, ses vengeurs, comme le flot qui dort
Dans ses canaux déserts où le marbre s’écroule…

Les Grecs aussi dormaient ; ils se sont réveillés !
Ils ont levé leurs bras si longtemps immobiles ;
Leurs glaives, si longtemps rouilles,
Brillent du même éclat qu’au jour des Thermopyles.
Fiers, quand ils ont péri, d’un trépas glorieux,
Les Grecs, le front levé, regardent leurs aïeux ;
Et tout couverts d’un sang qui lave tant d’injures,
Quand ils montrent du doigt leurs corps percés de coups,
Léonidas recule en comptant leurs blessures,
Et Thémistocle en est jaloux.

La république est opprimée :
Et vous aussi, réveillez-vous,
Guerriers dont la main désarmée
Languit sans force et sans courroux,
Fils de saint Marc, réveillez-vous ;
Qu’un peuple devienne une armée.

Saint Marc ! gloire et saint Marc !… A ce cri répété
Le lion a rugi, du beffroi qui résonne
L’airain pieux s’est agité ;
Courez, obéissez au signal qu’il vous donne ;
Frappez, il vous appelle, il sonne
Les vêpres de la liberté !

« Des armes ! » dites-vous ?… vos tyrans ont des armes :
Osez les leur ravir. Forcez vos arsenaux,
Reprenez ces poignards, ces glaives, ces drapeaux,
Que Zara, que Byzance arrosa de ses larmes.
Reprenez-les pour conquérir
Ces lois, de tout grand-peuple uniques souveraines’
Reprenez-les pour secourir.