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« Évoquant les ombres romaines.

« Je pars, mais ces morts me suivront :
« Ta muse a soufflé sur leur cendre.
« En renaissant ils grandiront
« Dans tes vers, qui vont me les rendre ;
« Et l’airain, qui, vainqueur du temps,
« Jusqu’aux cieux porta leurs images,
« Les plaça sur des monuments
« Moins sublimes que tes ouvrages ! »



VII

Promenade au Lido


Venise.

 
Arrête, gondolier ; que ta barque un moment
Cesse de fendre les lagunes :
L’essor qu’elle a reçu va mourir lentement
Sur les sables noirs de ces dunes.
Gondolier, je reviens : je viens dans un moment
Prêter l’oreille aux infortunes
De Clorinde et de son amant.

Souvent un étranger, qui parcourait ces rives,
Prit plaisir aux accords de vos stances plaintives.
Je veux voir si ces lieux déserts
Ont gardé de lui quelque trace ;
Car il aima, souffrit, chanta comme le Tasse,
Dont tu viens de chanter les vers…

Lido, triste rivage ! ô mer plus triste encore,
Qui frémissais d’amour quand tes flots empressés