Page:Delaunay - Le monde médical parisien au dix-huitième siècle.djvu/144

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tant de Louis XV ; le duc d’Orléans le prit ensuite comme premier médecin, et ne le céda qu’au Roi.

M. Sénac[1] était assez savant pour se dispenser de croire à la médecine ; il ne s’en cachait pas, même devant ses malades ; cela ne l’empêchait pas d’écrire sur cette science avec quelque succès, notamment sur les maladies du cœur, dont il fut le premier en France à traiter compendieusement ; et son livre sera toujours consulté avec profit par tous ceux qui s’occupent de la pathologie cardiaque, principalement pour l’histoire des péricardites et de la symphyse de cette séreuse. Il dédia cet ouvrage au duc d’Orléans.

Sénac devint archiâtre juste à temps pour donner ses soins au Dauphin qui fut pris, au début d’août 1752, d’une variole des plus graves. On vit arriver Sénac avec La Martinière, et Quesnay délégué par la Pompadour ; puis Helvétius et Falconet, médecins consultants du Roi ; le vieux Molin plus somnolent que jamais ; de la Vigne, médecin ordinaire de la Dauphine, et par quartier du Roi, enfin Lieutaud, qui se joignirent à Bouillac, médecin du prince. Quand on vit qu’il s’agissait de la petite vérole, Sénac demanda qu’on fît venir Pousse[2] et Vernage,

  1. Jean-Baptiste Sénac, né en 1693 dans le diocèse de Lombez, se destina d’abord au ministère pastoral protestant, puis se convertit et entra chez les Jésuites, enfin jeta le froc aux orties pour commencer sa médecine, à Paris probablement. M. le docteur Hahn (Art. Sénac du Dictionnaire Decbambre) dit n’avoir point trouvé de traces de son passage à l’École de médecine dans le tome XIV des Commentaires, ni dans le recueil de Baron (Quæst. medic… series chronologica.) Pourtant, on trouve à la page 19 de la Compendiaria medicorum parisiensium notitia incluse dans l’ouvrage de H.-Th. Baron, Joannes Senac Lombariensis, Baccalaur., Regi a Sanctioribus Consil., archiatrorum comes, Reg. Scient. Acad. sous le décanat d’Andry (1724-25) S’il est vrai que Sénac fut bachelier de Paris, l’État de médecine de 1777 le nomme docteur de Reims, et l’Almanach Royal docteur en l’Université de Montpellier.
  2. François Pousse, né en 1679 à Mansigné au Maine, se destina d’abord à l’état ecclésiastique, puis se fit inscrire à la Faculté de Paris, entra en licence en 1706, reçut le bonnet le 17 octobre 1711 des mains de Bompart. La protection de Terray, médecin du Régent lui fut utile ; il fut appelé en 1752 à la Cour pour soigner le Dauphin et ensuite anobli et pensionné ; il fut aussi convoqué dans la dernière maladie de Marie Leczinska. Il était médecin de l’Oratoire et de la Chancellerie. Il mourut à Paris le 18 février 1762 à 83 ans et fut inhumé à Saint Eustache le 19. Il a écrit contre les alchimistes un livre anonyme dédié à l’abbé Bignon : Examen des principes des alchimistes sur la pierre philosophale, Paris 1711, 256 p. in-12. La Mettrie a satirisé Pousse sous le nom de Vardaux dans la Faculté vengée. Son fils, Louis-Marie Pousse, reçu premier licencié en 1732,