Page:Delaunay - L Enlevement de Celine.djvu/84

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 74 —

rire et laissèrent entrevoir ses dents humides qui ressemblaient à de petites gouttes de lait, filtrant entre deux feuilles de rose. Elle s’avança vers moi.

— Je ne suis plus femme, me dit-elle, je suis fleur, et elle s’éloigna. Et comme dans ces effets de fantasmagorie, en s’éloignant, ses proportions diminuèrent graduellement, et la corolle d’une rose blanche se referma sur elle.

Ce fut aussi une charmante petite fille, qui s’éleva du sein de la verdure comme une blanche et mignonne pâquerette.

Posant ses deux petits doigts sur ses lèvres vermeilles, elle me dit :

— Je ne suis plus une enfant, je suis insecte, et je cours prendre ma place.

Et vive et légère, elle courut jusqu’au bord du ruisseau, et s’élança sur l’eau. Elle avait changé de forme. C’était une demoiselle aux longues ailes de gaze, glissant sur la surface des eaux, et scintillant comme une perle sur les nénuphars et les roseaux.