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Je cherchais des idées, et je n’en trouvais pas, j’invoquais en vain l’inspiration, l’ingrate me fuyait, si bien que le sommeil me gagna.

— Ma foi, dis-je, fera le monde qui voudra, j’aime mieux dormir !

Là-dessus, laissant mon presse-papier sur ma table, je soufflai ma bougie et je me couchai.

Mais pendant mon sommeil, mes yeux restèrent fixés par la pensée, sur la voûte transparente qui recouvrait le monde de fleurs.

Bientôt ce monde s’agrandit sous mon regard, et en acquérant d’autres proportions, il s’anima et changea d’aspect.

L’eau se réunit au milieu du parterre et décrivit un ruisseau limpide, comme le cristal dont il sortait. Puis toutes les fleurs se levèrent comme une forme vague, indécise d’abord, puis elles devinrent parfaites, admirables !

Tout à coup je me sentis saisir par des mains invisibles, et je fus transportée dans le monde de cristal.