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Il n’y manquait rien dans ce petit monde, il y avait les fleurs et aussi l’eau qui devait entretenir leur fraîcheur, et cette forme plus parfaite qui m’avait frappée tout d’abord, était probablement le soleil.

Mais tout paraissait sans ordre, c’était comme le monde avant la création. Ensuite il était si petit que l’œil humain ne pouvait trop définir ce qu’il renfermait.

J’aurais pourtant bien voulu en raconter l’histoire ; mais comment définir tout ce chaos, comment classer et mettre en ordre cet univers ? C’était une besogne assez difficile, toutefois j’y essayai.

— Dieu, l’être parfait, a bien mis six jours, dit-on, à créer notre monde, il faut bien six semaines à la femme, cet être imparfait, pour débrouiller et mettre au jour un monde de fleurs.

Or, un beau soir, je pris la plume. Mon presse-papier était sous mes yeux ; la lueur de ma bougie se reflétait dans le cristal et semblait inonder de soleil le petit parterre.