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À cet adieu, elle pâlit comme si une brise glacée était venue la frapper sur sa tige.

Il était l’être idéal qu’elle avait rêvé ; elle l’aimait, et c’était au moment où elle sentait tout le prix de son bonheur qu’elle le perdait ! Elle suivit longtemps son vol.

Puis, le soir, bien cachée sous ses feuilles, elle disait tout bas :

— Oh ! reviens, mon joli papillon aux ailes transparentes, et dont les couleurs suaves et pures font rêver le ciel ; laisse-moi suivre ton vol gracieux et léger dans cette atmosphère où tu vis et où je ne puis vivre avec toi.

Viens près de moi, ta vue me plaît et me fait plus de bien que la goutte de rosée, que le rayon de soleil que Dieu m’envoie.

Et la pauvre fleur, le cœur palpitant d’espérance, au moindre souffle du vent, au léger bruit de l’insecte, regardait entre le feuillage pour voir si le volage papillon ne venait pas.