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par sa beauté. Mais il restait à distance, il ne voltigeait que dans les régions élevées, c’est-à-dire sur les plus grandes fleurs.

— Oh ! que je voudrais être rose, dit-elle, pour être plus près de lui !

Et la petite ambitieuse se dressait sur sa tige fine et souple, comme si elle eût voulu se mettre de niveau avec les grands.

Le papillon fut indigné, et quand le souverain d’une cour s’émeut, toute la cour s’émeut avec lui. Le temps s’obscurcit.

La violette vit sur elle fondre l’orage.

Elle rentra sa petite tête sous la verdure, non sans essuyer quelques bourrasques qui la firent frissonner sous ses feuilles.

Le lendemain, pour détruire l’impression fâcheuse qu’elle avait fait naître parmi le peuple ailé, elle se fit modeste et timide… mais ce fut en vain.

Le papillon vint, il l’effleura de son aile, lui dit adieu et disparut.